Connaissez-vous bien votre parc d’actifs ainsi que sa valeur ? 
Quel est l’état actuel de vos actifs de même que leur durée de vie ? 
Quel est le déficit de financement au niveau de vos infrastructures ?

Un plan de gestion des actifs définit les stratégies et les étapes pour assurer le maintien des actifs dans le but d’en assurer le bon fonctionnement et d’en prévenir la dégradation prématurée. Autrement dit, comment bien s’occuper de vos biens ! 

Ce plan permet aux gestionnaires de bien connaître l’état des actifs sous leurs responsabilités et de prendre les décisions opérationnelles et financières nécessaires pour en assurer le maintien. Plusieurs autres facteurs influencent aussi le plan de gestion des actifs, par exemple, les exigences règlementaires, la sécurité des usagers, l’accessibilité universelle, la conservation du patrimoine et plus encore. 

Il est important de reconnaître qu’une correction rapide d’une défaillance mineure permet souvent de prévenir une défaillance majeure plus tard, et ce, à moindre coût. 

Alors, comment ça fonctionne ? 

Méthodologie 

La méthodologie proposée se base sur la norme ISO 55000 Gestion d’actifs. Cette norme établit les principes et les stratégies à la base d’un plan directeur de gestion des actifs. Ces actifs peuvent être des bâtiments, des systèmes rattachés ou connexes au bâtiment, des infrastructures, des équipements électromécaniques et tout autre type d’actif sur lequel une forme d’entretien doit être réalisée.

Ce diagramme de bloc présente les étapes de la méthode :  

1 – Inventorier les actifs concernés 

Cette étape débute avec l’identification des limites de l’étude pour bien comprendre les actifs qui sont concernés par l’étude. Un inventaire complet sous forme de tableau est dressé à partir de multiples sources : données existantes dans un logiciel de gestion, relevé en chantier, inventaire passé complet ou non. 

Les actifs inventoriés sont catégorisés par groupe, généralement sous une classe d’actifs reconnu et parfois des sous-classes d’actifs peuvent être utilisées pour améliorer le niveau de détails des données. La répartition en classe d’actifs est essentielle pour plusieurs raisons : 

  • Permets de cibler des stratégies de gestion d’actifs selon une catégorie complète. 
  • Permets d’identifier un plan d’entretien préventif selon une catégorie complète. 
  • Facilite l’analyse financière par regroupement autant pour les coûts opérationnels que pour les prévisions de budget capitalisables des projets majeurs. 
  • Aide à l’identification des expertises techniques requises pour les mandats d’inspection et d’entretien. 
  • Permets aux responsables des approvisionnements d’élaborer des stratégies contractuelles basées sur un groupe d’actifs plutôt que des actifs individuels. 

2 – Colliger les données des actifs 

Dans le but éventuel d’utiliser les données dans divers logiciels de gestion des actifs, que ce soit ERP ou GMAO, la collecte de données permet de renseigner les tables de la base de données quant aux actifs inventoriés. Ces données peuvent prendre plusieurs formes, toutefois nous classons souvent les données en « générales » et « techniques ». En voici quelques exemples : 

  • Données générales 
    • Numéro d’actif 
    • Description de l’actif 
    • Emplacement 
    • Année de mise en service 
    • Manufacturier ou fabricant 
    • Modèle et numéro de série 
    • Criticité 
  • Données techniques 
    • Voltage et ampérage 
    • Force moteur (HP) 
    • Capacité ou débit (SCFM) 
    • Capacité portante (kg ou tonnes) 
  • Données du programme de maintenance 
    • Tâches d’entretien préventif 
    • Fréquence 
    • Durée 
    • Compétence 

Ces données sont importantes pour les personnes qui gèrent les opérations, la maintenance et l’achat de pièces et de services. Ces données sont compilées dans une ou des tables de base de données avec une clé d’identification unique, typiquement un numéro d’identification d’actif (ASSETID). 

3 – Indice de santé de l’actif 

À cette étape, en fonction des classes d’actifs, les experts techniques requis sont identifiés et ils procèdent à l’évaluation de l’état de santé dans leur domaine de spécialisation. Leur évaluation de l’état des actifs permet d’identifier la condition actuelle, le niveau de dégradation et  les défaillances potentielles. Cette analyse est réalisée grâce à une inspection physique de l’actif, à la révision d’inspection antérieure ainsi qu’à l’échantillonnage et/ou test non destructif. 

La matrice d’indice de santé illustrée ci-dessous s’inspire de la méthode proposée par le Centre d’expertise et de recherche en infrastructures urbaines (CÉRIU) et par l’Institut canadien des comptables agréés (ICCA).  

Indice de santé de l'actif

4 – Définir le cycle de vie restant de l’actif 

Tout actif ou composante d’un actif subit une dégradation de son état initial dans le temps. Les causes sont variables : usure normale ou anormale, bris mécanique, condition extrême, opération hors des paramètres de conception, etc. 

Cette dégradation est modélisée généralement par une courbe de défaillance typique utilisée dans les analyses de défaillance statistique, telle que le modèle Weibull. La courbe P-F détermine le point dans le temps où la dégradation réduit progressivement la condition d’opération de l’actif et, sans aucune intervention, cette dégradation se poursuivra jusqu’à une défaillance fonctionnelle ou totale sans aucune intervention. Les méthodes d’entretien préventif, de remise en état et de maintenance basée sur la condition permettent de prolonger cette durée de vie utile.  

Le rôle des experts techniques est de positionner avec un certain degré d’incertitude l’état actuel de l’actif sur sa courbe et ainsi, estimer la durée de vie restante si aucune intervention n’est réalisée.

5 – Définir les stratégies de gestion d’actifs applicables 

es stratégies de gestion d’actifs permettent d’intervenir avant une défaillance fonctionnelle ou complète de l’actif pour en prolonger la durée de vie utile. Ces options sont habituellement séparées en « PROJETS » ou « MAINTENANCE ». L’ensemble des stratégies retenues pour remettre en état et maintenir les actifs analysés devient le Plan directeur de gestion des actifs. Il peut être intégré au PDGA existant. 

Le coût de remplacement et/ou le coût des options sont évalués à cette étape. 

6 – Plan de projets capitalisables 

Dans le cas où la dégradation de l’actif requiert une intervention majeure, tels un remplacement complet, une reconstruction, un reconditionnement ou une remise en état, la stratégie sera de procéder avec un projet d’ingénierie.  

7 – Programme de maintenance 

Dans le cas où la dégradation de l’actif n’est pas trop avancée, un programme de maintenance sera privilégié. Ce programme peut inclure des tâches d’entretien préventif, de maintenance basée sur la condition ou de maintenance corrective. Il est important de noter que même lorsqu’un actif fait l’objet d’un projet de remise en état, il devra être ensuite pris en charge dans le programme de maintenance pour éviter une dégradation à nouveau. Typiquement, ce programme de maintenance sera consolidé dans un logiciel de gestion de maintenance (GMAO) pour en assurer la gestion et le suivi. 

Misez sur la santé de vos actifs 

La durabilité des actifs se joue à plusieurs niveaux, de la simple intervention en urgence lors d’une défaillance, à l’inspection et au diagnostic de l’état des actifs accompagnés d’un plan de maintenance préventive, en passant par le bilan dynamique en temps réel de la santé des actifs pouvant mener à la prolongation intelligente de leur durée de vie.  

Miser sur la pérennité des actifs existants, c’est avoir des impacts positifs directs sur la sécurité au travail, l’environnement (réduction des GES par exemple), les communautés et la santé financière de leurs propriétaires. 

Il ne suffit pas d’être connecté pour être une ville intelligente. La gestion du parc d’actifs doit aussi permettre d’augmenter d’une façon intelligente la durée de vie d’un actif tout en effectuant une gestion proactive des risques et en assurant un suivi dynamique de son état de santé.