Alors que les technologies manufacturières de pointe se développent à un rythme exponentiel, que la concurrence à l’échelle mondiale crée une forte pression sur les entreprises québécoises et que la pénurie de main-d’œuvre ajoute aux multiples défis liés à la productivité, la transformation numérique devient-elle la solution ? Par où commencer ? Comment faire pour s’y retrouver ? Qui peut aider ?

Comprendre la transformation numérique

Plus holistique que l’automatisation avancée, la transformation numérique est un processus global qui comporte plusieurs étapes. Avant même de penser à robotiser une ligne de production ou à automatiser un processus de gestion, il est primordial de revenir à la base et d’identifier des objectifs d’affaires explicites et des orientations stratégiques à développer. Les décisions et les choix technologiques effectués tout au long du processus de transformation devront se référer à ces objectifs et des résultats directs et mesurables devront être générés.

Une fois les objectifs clarifiés, il faut déterminer les enjeux qui compromettent l’atteinte de ces objectifs. Est-ce la pénurie de main-d’œuvre, la productivité, la forte concurrence ou encore la sécurité des travailleurs? Les choix technologiques seront d’autant plus efficaces s’ils traitent directement les enjeux qui freinent les opérations.

Et s’il était possible, en plus d’améliorer les performances techniques et financières d’une entreprise, d’offrir un service ou un produit de meilleure qualité, de progresser sur le plan environnemental par une meilleure efficacité énergétique et une utilisation optimale des ressources ou encore d’avoir un réel impact positif sur la communauté et sur la création d’emploi ? Une transformation numérique durable permettra à l’entreprise manufacturière d’atteindre ses objectifs de responsabilité sociétale.

Un partenariat à cinq niveaux

En plus de l’identification des objectifs et de stratégies d’affaires, il est essentiel de dénicher un partenaire de confiance offrant un accompagnement optimal tout au long du processus de transformation. En effet, comme les besoins sont souvent multiples, que les choix technologiques sont en constante évolution et que les investissements requis sont énormes, la collaboration d’un partenaire externe est un atout pour éviter de se perdre en cours de route.  

Il est normal de se sentir dépassé lorsqu’on entame une transformation numérique, mais il n’est pas nécessaire de s’aventurer seul dans ce processus. Il existe aujourd’hui une panoplie de ressources qui proposent un accompagnement tout au long de la transformation, incluant différents programmes de financement. Le choix d’un bon partenaire possédant une vision 360° de la transformation numérique évitera bien des maux de tête.

Comment reconnaître ce partenaire ? Visez une démarche comportant les cinq niveaux suivants :

Ces niveaux présentent l’évolution dans la prestation de services possibles en matière de projets d’automatisation avancée et de robotique. Ils illustrent également la gradation en maturité de la transformation numérique qui s’opère au sein d’une entreprise manufacturière.


Niveau 1 : Intervention technique d’urgence

Peu importe le niveau d’automatisation et de robotisation d’une installation, les interventions techniques d’urgence feront toujours partie du portrait. Il s’agit d’interventions visant à remettre rapidement un site ou un équipement en fonction pour revenir à une opération normale, sans perturbation. Qu’elles soient gérées à l’interne ou à l’aide d’une firme spécialisée, ces urgences en disent long sur la rigueur et la robustesse des processus en vigueur et peuvent servir de base dans l’identification des besoins d’un projet de transformation numérique. Ces urgences sont-elles symptomatiques d’enjeux en sécurité des machines, en formation des travailleurs ou encore en déficience au niveau de l’entretien ou de la maintenance ? Toutes ces questions représentent des pistes de réflexion pertinentes pour élaborer une stratégie de transformation numérique bien ciblée.


Niveau 2 : Projet spécifique

Les projets spécifiques se déroulent généralement dans un contexte où une partie de l’exécution est confiée à une firme spécialisée, selon des critères et des objectifs préalablement définis. Il peut s’agir, par exemple, d’un contrat de conception ou encore d’installation et de mise en service de nouveaux équipements. Du point de vue du projet lui-même, cette façon de procéder peut offrir certains avantages, dont celui de cibler un fournisseur spécifique spécialisé dans un service précis et ainsi réduire les coûts en sélectionnant, à chaque fois, le plus bas soumissionnaire. Cependant, qu’advient-il, cependant, du déroulement d’un tel projet si, à chaque étape, le nouveau fournisseur remet en question le travail du fournisseur précédent jusqu’à en soustraire sa responsabilité de performance ? Comment assurer une bonne intégration de chacune des étapes du projet ? Les économies anticipées sont-elles dissipées en reprise de certains concepts ou travaux ? Une fois de plus, la réponse à ces interrogations réside dans un accompagnement continu par un partenaire de confiance.


Niveau 3 : Accompagnement et intégration

Il paraît clair, selon la description faite ci-dessus des niveaux 1 et 2 de la transformation numérique, qu’un accompagnement est un atout essentiel au succès d’un projet complexe d’automatisation ou de robotisation et qu’il constitue une valeur ajoutée au projet. Mais quels sont les gains tangibles d’une telle approche ?

Un projet de transformation numérique sert d’abord à répondre à un besoin ou à résoudre un problème. Le choix d’un projet pertinent est en soi un exercice laborieux qui doit être pris au sérieux pour assurer la pérennité et l’efficacité de la solution choisie, mais les décisions ne s’arrêtent pas là. En automatisation avancée, l’évolution rapide des connaissances et la diversité des technologies donnent le vertige, tant en raison de la pluralité des fonctionnalités qu’elles proposent qu’en raison des coûts qu’elles engendrent. Comment s’assurer de faire les bons choix ? Quels sont les critères de base pour assurer le succès d’un projet de transformation numérique ?

Dans un premier temps, il est impératif de revenir au besoin initial, le pourquoi du projet. Quel problème vise-t-on ? Y a-t-il un goulot d’étranglement à éliminer du processus de production ? Ces questions doivent demeurer omniprésentes tout au long de la transformation. Ce sont les réponses à ces questions qui détermineront les critères de sélection pour un choix technologique ciblé et qui suggéreront les points de vérification pour assurer une bonne intégration de la solution aux systèmes et aux processus existants.

Un autre bénéfice d’un accompagnement adéquat est la réalisation d’une analyse de retour sur l’investissement (ROI) réalisée sur l’ensemble du projet, et non uniquement sur le coût d’un équipement. Cette vision d’ensemble permettra la sélection de la solution technologique la mieux adaptée et évitera de se retrouver avec un produit qui, après peu de temps, ne sert plus son utilité d’origine, s’est mal intégré aux restes des opérations et coûte trop cher à opérer ou à maintenir.

Le tableau suivant donne un aperçu du processus décisionnel pour orienter le choix de la solution technologique. L’identification de critères pondérés des impacts de l’option technologique assure un processus de sélection qui atteindra les objectifs d’affaires et les objectifs stratégiques, plutôt que la résolution d’un seul problème isolé.

Un mode hybride Lean-Agile au service d’un projet technologique

La méthode Agile d’exécution de projet est bien connue dans le domaine du développement de logiciels informatiques. Ce mode de gestion de projet met en avant-plan la collaboration entre des équipes techniques pluridisciplinaires et leurs clients. Il préconise une planification adaptative, un développement évolutif, une livraison précoce et une amélioration continue afin d’encourager des réponses flexibles au changement.

L’une des clés du succès d’un projet technologique bien intégré est de tirer profit de cette méthode en l’intégrant au processus de la gestion d’un projet d’ingénierie. Ce mode hybride offre des bénéfices fort intéressants. Parmi ceux-ci, l’intégration optimale du projet aux restes des opérations, le rythme rapide d’avancement et la prédictibilité des résultats sont particulièrement attrayants. Contrairement à une gestion de projet traditionnelle où le livrable est rendu en toute fin du projet, sans itération en cours de route, le mode hybride Lean-Agile permet la livraison progressive de résultats et une rétroaction régulière sur le respect des objectifs de l’ensemble des parties prenantes. Ainsi, elle assure une intégration optimale du livrable final.

Bénéfices du mode hybride Lean-Agile :

/ Réduction du temps de conception ;
/ Flexibilité du design et proactivité face aux besoins du client ;
/ Amélioration de la productivité, de la communication et de la coordination du projet ;
/ Meilleure qualité et réduction des gaspillages et des reprises ;
/ Idéal pour les projets d’automatisation avancée.

COMPARAISON DES MÉTHODOLOGIES DE GESTION DE PROJET
Comparaison des méthodologies de gestion de projet
image tirée de : https://fr.slideshare.net/PMILevisQuebec/20130411-pmc-mthode-agile-gestion-lean-et-autres-tendances

Niveau 4 : Plan d’affaires technologique

Lorsque les enjeux touchent l’ensemble de l’entreprise, par exemple une productivité déficiente, un problème de pénurie de main-d’œuvre ou encore un recul face à une concurrence mondiale agressive, la transformation numérique de l’entreprise manufacturière devient un choix stratégique incontournable. Pour partir du bon pied, la transformation numérique doit d’abord se définir et se développer par la mise en place d’un plan d’affaires technologique. Ce dernier permet d’avoir, d’emblée, une vision holistique des différents niveaux d’intervention technologiques dans l’entreprise, allant du plancher de production à la gestion des indicateurs de performance opérationnels, organisationnels et financiers. C’est aussi de cette façon que l’on peut tirer pleinement profit de la valorisation de ces données.

Ce plan de haut niveau, qui repose sur des visées stratégiques claires et une analyse de ROI détaillée, comprend le développement et l’optimisation de l’architecture des logiciels et des systèmes automatisés ainsi que le développement de l’infrastructure physique s’y rattachant, incluant la robotique.

PYRAMIDE DE L’ARCHITECTURE DES LOGICIELS
Pyramide de l'architecture des logiciels

En fonction des choix technologiques effectués dans le cadre du plan d’affaires, ce dernier comprendra également le développement des stratégies d’implantation ainsi que le développement de normes et de procédures concernant la robotique, l’automatisation et la sécurité machine.

Par ailleurs, le plan technologique est bien plus que la mise en place d’une stratégie d’automatisation avancée. En plus des composantes financières du plan d’affaires technologique, il permet d’intégrer la considération d’aspects environnementaux et sociaux pour la priorisation des choix technologiques, comme :

/ L’efficacité énergétique
/ La réduction des GES
/ L’impact positif sur la communauté


Niveau 5 : Transformation numérique durable

En 2021, une entreprise manufacturière ne peut plus se limiter à déployer sa transformation d’entreprise en ne considérant que les enjeux économiques et de productivité. Plus que jamais, elle doit prendre conscience de son impact sur l’environnement et sur un ensemble de parties prenantes comme les communautés touchées directement ou indirectement par ses opérations. Il s’agit ici de responsabilité sociale d’entreprise (RSE).

La RSE est l’engagement que prend une entreprise en vertu duquel elle gérera les effets sociaux, environnementaux et économiques de ses activités de façon responsable et conforme aux attentes du public. Cette responsabilité fait partie de la gouvernance d’entreprise et touche normalement à chaque aspect de l’entreprise, notamment l’exploitation, les ressources humaines, la fabrication, la chaîne d’approvisionnement, et la santé et la sécurité. Les entreprises établissent ainsi une bonne réputation, attirent une attention positive, économisent grâce à l’efficacité opérationnelle, réduisent au minimum leur empreinte environnementale, attirent les meilleurs talents, inspirent l’innovation et surtout génèrent un impact positif sur la société.

La transformation numérique contribue à ce que l’entreprise maximise son impact positif sur la communauté et la planète. Cette tendance s’accentue dans diverses sphères du monde des affaires et devient progressivement un critère pour accéder à certains programmes d’investissement.

Ainsi, dans la mise en œuvre du plan d’affaires technologique, il devient pertinent d’implanter les systèmes requis pour assurer la fiabilité et la qualité des données sur les indicateurs clés en matière de RSE. Les indicateurs peuvent ensuite être aisément convertis aux normes internationales de reddition de compte et un narratif avancé peut être produit pour un reporting sociétal optimal.

Au-delà des grands principes de la RSE, des normes internationales de développement durable telles GRI et SDG viennent baliser les paramètres en vertu desquels la performance en développement durable est évaluée.

GRI Standards

En somme, bien que les besoins soient uniques à chaque entreprise et que la mise en place d’une stratégie numérique intégrée à la stratégie d’entreprise représente un défi de taille pour les entreprises manufacturières qui entament un projet de transformation numérique, une approche structurée et un accompagnement par un partenaire de confiance offrent des conditions optimales pour le succès d’un projet de transformation numérique durable.